jeudi 3 janvier 2013

Le guide du mauvais père de Guy Delisle


Rebondir après "Les chroniques de Jérusalem" ne doit pas être facile pour Guy Delisle. La barre avait été placée tellement haute avec cet album, que forcément le lecteur est en attente d'une nouvelle oeuvre aussi aboutie.
Disons-le tout de suite, ce "Guide du mauvais père" est un petit divertissement pour nous faire patienter avant une nouvelle oeuvre plus ambitieuse (même si le chiffre "1" apparaît sous le titre laissant augurer d'autres tomes). Publiée dans la collection "Shampooing" de chez Delcourt, dans un format et une esthétique manga, on retrouve toutefois la patte de l'auteur ainsi que son sens de l'observation, tournés cette fois-ci vers l'élevage des enfants.
S'il est maintenant admis que les hommes se sont enfin investis dans l'éducation de leur progéniture, empiétant désormais sur un terrain où, jusqu'à peu, les femmes étaient cantonnées, il est certain que ceux-ci ne sont pas encore tout à fait au top des performances. Si l'on se réfère au papa de cet album, vraisemblablement très proche de l'auteur, il ignore qu'il existe des ouvrages consacrés à la psychologie de l'enfant, n'hésitant pas à raconter à sa fille de 3 ans un horrible fait divers juste avant de s'endormir ou l'abandonnant tremblante à la piscine pour aller boire un pot plutôt que l'encourager à vaincre sa phobie du milieu aquatique. Conservant son égoïsme légendaire, le père de famille peut ainsi vaquer en milieu hostile, tout en répondant évasivement, souvent à côté de la plaque, aux incessantes questions de ses enfants qui devront se contenter de réponses vaseuses ou troublantes. Le traumatisme n'est jamais bien loin quand le père est obligé de gérer un problème de passage de petite souris ou de lapin de Pâques.
Toute la finesse de l'observation de Guy Delisle est présente ici. Il n'a pas son pareil pour mettre le doigt sur les problèmes du mâle face à sa paternité avec un humour léger, objectif mais bienveillant. J'ai trouvé par ailleurs, son dessin joliment mis en valeur dans ce format pourtant petit, minimaliste mais très expressif et assez savoureux.
Pas un grand album, "Le guide du mauvais père" est plutôt une friandise un peu acidulée que l'on dégustera calmement une fois les enfants couchés, pour s'assurer dans ce miroir pas du tout déformant que la paternité a encore quelques progrès à faire.




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