samedi 8 mars 2014

Débandade de Clémence Dumper


Les premiers rayons de ce soleil printanier m'ont donné envie de légèreté. Les conseils de ma libraire, m'ont dirigé vers ce premier roman de Clémence Dumper dont le titre ne cache rien du sujet : "Débandade". Oui, un texte entier avec pour thème l'impuissance masculine, celle d'Alexis, fringuant trentenaire qui n'a jamais pu avoir une érection normale. Il a du désir, des petites amies mais ça ne fonctionne jamais. Le roman va le suivre dans ses tribulations pour trouver un membre viril digne de ce nom. 
Le sujet est casse-gueule, il aurait pu virer au scabreux, mais Clémence Dumper passe les obstacles avec brio. Que ce soit les tentatives d'excitation avec une call-girl offerte par ses amis ou son essai dans une backroom surpeuplée, l'écriture inventive et tendre sauve le texte de toute vulgarité. Teintée d'humour, avec également un peu de gravité, totalement en empathie avec son personnage, l'auteur passe les obstacles avec délicatesse. La première partie, consacrée à cette recherche de l'érection, est très réussie. Elle brosse le portrait d'une société où la jouissance est une obligation et la performance une nouvelle religion et, en catimini, elle dresse aussi (terme obligatoire vu le sujet...) un instantané de la planète sexe au début de 21 ème siècle, de l'asexualité à la consommation instantanée dans quelques lieux dédiés au plaisir. Ca se gâte un peu dans la deuxième partie. La plume est toujours aussi alerte, inspirée même, mais elle n'arrive pas à masquer totalement un propos psychologisant un peu convenu. Cependant, cette direction plus émotionnelle m'a permis d'apprécier la finesse de sa plume, à fleur de peau, au plus près des sentiments. Et soudain surgit Calypso. Non pas la chanson de France Gall ! Une créature (de rêve bien sûr) avec son concert de violons dégoulinant et ses kilos de guimauves écoeurantes. soudain on passe dans l'Harlequin de bas étage, le roman s'enfonce dans le banal !
Je vais être trivial. Le début décrivant la recherche de l'érection est littérairement bandant, mais plus le héros retrouve de la vigueur, moins le lecteur bande...
Ce premier roman assez court, faussement léger, est quand même d'une lecture agréable. La romancière possède une  belle plume mais il lui reste cependant à éviter de vouloir tomber dans le travers des belles fins à tout prix ! Ici, elle casse pas mal la dynamique de la première partie , c'est dommage !

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