mardi 24 juin 2014

Cet été là de Jillian et Mariko Tamaki


"Cet été là" est la chronique intimiste de deux jeunes adolescentes en vacances avec leurs parents. Rose et Windy se retrouvent depuis plusieurs étés à Awago Beach, une petite station balnéaire paumée au bord d'un lac. A part la plage, peu d'attractions pour distraire la jeunesse. Le seul lieu digne d'intérêt pour les deux filles est le drugstore minable où l'on achète quelques bombeks ou loue des DVD. Tenu par un jeune homme tout à fait banal, ce jeune mâle va tout de même attiser leur curiosité et éveiller un petit peu les sens de Rose.A force de l'espionner, les deux ados vont avoir l'impression de se trouver au coeur d'un drame amoureux, mêlant l'attrait d'une sexualité qui ne demande qu'à s'éveiller et ses conséquences parfois dramatiques.
Ce gros roman graphique de 319 pages accroche son lecteur avec peu de choses. Rien de vraiment extraordinaire ne se passe, l'action est ténue. Mais les deux auteures ont une grande virtuosité pour explorer avec délicatesse et précision ce moment si particulier où l'enfance nous quitte et le monde des adultes nous fait des clins d'oeil sans encore avoir le culot ou l'envie d'y répondre. Très joliment porté par un dessin clair et tendre, "Cet été là" promène sa petite intrigue sur le fil fragile d'un récit aux détails aux apparences anodines. On y trouve les élans, les doutes, les envies, les malheurs quotidiens, les envies d'affranchissement de deux futures femmes recherchant plus ou moins inconsciemment un premier frisson. Expérimentant les films d'horreur, essayant de mettre du romanesque dans la langueur d'un interminable été, observant autour d'elles des adultes qui se déchirent, les deux héroïnes parviennent à nous émouvoir en nous faisant retrouver ce sentiment fugace où le monde commence peu à peu à déchirer le monde merveilleux de l'enfance.
Ce roman graphique a l'ambition de jouer sur la sensibilité du lecteur en le faisant pénétrer doucement dans l'intimité de deux adolescentes en construction. Pour moi, c'est réussi mais cette chronique peut paraître à certains un peu trop plate. A réserver, je pense, à ceux qui se passionnent pour une lente description d'un été qui n'en finit pas plutôt qu'aux amateurs d'action.




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