lundi 4 mai 2015

Un jeune poète de Damien Manivel


On peut avoir envie de défendre un premier film français, encourager les futurs grands talents de demain, détecter derrière la palpable imperfection des débuts les prémices d'oeuvres qui nous enthousiasmeront... Après la vision d'"un jeune poète", il va m'être difficile de montrer un peu d'enthousiasme...
L'affiche, réussie graphiquement, avec ses tons pastels donnent une idée de l'ambiance du film : éthéré, calme, doux... Ces qualificatifs, hélas, ne suffisent pas à décrire complètement ce qui nous est proposé sur l'écran. Il me faudra je pense en ajouter des moins sympas. 
Ca se passe à Sète, la ville où repose Paul Valéry (mais aussi Brassens). Nous sommes en été et Rémi, un jeune adulte encore un peu adolescent, ambitionne soudain de prendre la posture d'un poète. Il va déambuler dans la ville à la recherche de l'inspiration, fera quelques rencontres et...mais chut...je ne révèle pas la fin, ce serait gâcher le plaisir.
Damien Manivel essaie de filmer le silence, la solitude voire le vide existentiel. C'est en soi louable et courageux mais pas vraiment convaincant et surtout totalement rasoir. On a déjà du mal à croire en ce grand dadais apprenti poète, qui plus est, errant dans des rues de Sète absolument désertes (en été !!!). Ce manque de vie ambiant n'est pas vraiment  propice aux rencontres fascinantes. Il croisera quand même un jeune pêcheur qui s'ennuie et joue à la gameboy, une jeune fille plutôt mignonne mais guère emballée par ce grand échalas et deux dames vieillissantes, un peu cagoles, dans un bar minable. Il s'essaiera, comme tout bon poète maudit, aux substances euphorisantes (ici la vodka) mais elles finiront en vomi dans le caniveau. 
Côté scénar on est très loin de Fast and furious (non, Rémi, chaussé de tongs, ne poursuit pas Léonore et son sac à dos). Mais on n'est pas non plus dans quelque chose de totalement raté. On s'y ennuie mais on prend le temps de regarder les jolis plans dans lesquels évolue Rémi Taffanel, l'acteur principal, que le réalisateur arrive à rendre sympathique, avec un côté Vincent Lacoste monté en graine. On sent un regard, une pointe d'ironie peut être, mais le temps estival du film ne fait pas oublier la vacuité d'un scénario anémique. 
On sort de la salle pas emballé pour deux sous. On est heureux que Damien Manivel ait réussi à trouver un producteur qui finance quelque chose de si fragile et ténu. Il y a peut être des amateurs du presque rien qui ne raconte pas grand chose. Il peut m'arriver d'en être friand, quand la réalisation magnifie cela. Ici, ce n'est pas le cas.... Et qu'on ne vienne pas me refaire le coup du "Il y a dans ce film un travail sur la notion de temps qui passe intéressant" , déjà servi pour "Vincent n'a pas d'écailles " et "Jauja", ça ne marche plus !
Quelqu'un de mon entourage vient de me rappeler que d'ordinaire je n'aime pas spécialement la poésie et que donc, je ne suis pas cible idéale du film. Sans doute, mais ce film-ci ressemble étrangement au poème que le héros finit par pondre, un genre qu'aucune revue, même le courrier des lecteurs de Closer, ne voudrait publier.

2 commentaires:

  1. Ce ne serait pas un hommage a Rohmer . Parce que là j'avoue je suis scotché. Du coup j'ai bien envie de le voir ce film, moi... ;)
    yann

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    1. Non pas Rohmer. Dès qu'il s'agit d'un film un peu amateur, fauché, autour de l'amour, on pense à lui . (J'ai revu deux films de lui que j'avais adoré dans les années 80...mmm, ça a mal vieilli...). Non ici, rien de bavard, les dialogues sont d'une platitude extrême, improvisés mais l'image y est plus soignée et à la limite les acteurs jouent mieux que chez Rohmer...

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