dimanche 14 juin 2015

Comme un avion de Bruno Podalydès


Ce film est un PUR BONHEUR ! Voilà, c'est dit ! J'ai été complètement happé par le charme poétique du film...alors que j'y suis allé en traînant les pieds, le précédent du réalisateur, "Adieu Berthe", ne m'ayant pas du tout convaincu. En plus, je savais  les critiques enthousiastes comme pour le dernier Desplechin (de sinistre mémoire pour moi) et je pensais bien que cette fois-ci encore, on passait la brosse à reluire pour tenter d'amortir au maximum une de nos productions nationales réalisée par une personne possédant le fameux ticket qui ouvre toutes les portes du papier dithyrambique. 
L'histoire d'un premier abord n'est guère affriolante. Un jeune quinquagénaire, bossant dans une entreprise branchouille parisienne, est passionné par l'aéropostale. Et puis, suite à une remarque de son boss autour des palindromes (mots qui se lisent dans les deux sens comme "sexes" ou 'Laval"), il découvre le kayak. Soudain, sa vie va prendre un autre cours. Il va se rêver pagayant sur des rivières aussi verdoyantes que limpides, une envie de liberté, de casser le quotidien, de s'offrir une échappée belle le prend aux tripes. Et c'est ainsi qu'adoubé par une femme aimante et compréhensive et après avoir dévalisé Le Vieux Campeur et Décathlon de leurs produits les plus pointus, il se posera sur une jolie rivière. A lui l'aventure ! Il n'ira pas bien loin, sa première halte, vers laquelle il reviendra toujours,  lui fait découvrir un endroit chaleureux, rempli de doux farfelus et dirigé par une maîtresse-femme bien accorte.  
Pas de suspens ici, ni de rebondissements, ni de scénario qui s'emballe. Nous sommes dans un cinéma empreint d'une douce poésie. Si comme moi vous vous laissez emporter au gré du courant d'un film complètement rêveur, vous croiserez aussi bien une poule peinte en bleu que de savoureux dialogues jouant sur les mots. Le bonheur est sur la rivière et sur ses berges. C'est un pur délice de tendresse, de drôlerie, de bien être. Le film est tout en rondeur comme son acteur/ réalisateur, pulpeux comme sait l'être Agnès Jaoui en restauratrice sensuelle, pétillant et mélancolique comme Vimala Pons, qui pleure ses amours envolés quand il pleut. La réalisation épouse à merveille cette randonnée, avec une caméra caressant une nature préservée et des personnages dont elle ne voit que les doux côtés. 
Tout cela aurait pu être vaguement cucul la praline mais le regard de Bruno Podalydès est si tendre que tout passe en finesse. Et derrière ce propos hautement  hédoniste transparaît délicatement tout d'abord une petite critique de nos conforts urbains et de nos petites habitudes bourgeoises. Puis, cela évolue vers un discours plus profond, mais toujours bienveillant, sur nos libertés. Liberté de vivre quelques rêves sans les oripeaux d'une société formatée, liberté du couple où chacun est une unité qui n'appartient à personne, liberté de mettre entre parenthèses des moments de nos vies pour pouvoir par la suite continuer à aimer partenaire habituel ou amis. 
Sous des airs suaves et naïfs, "Comme un avion" est en fait un film poil à gratter, prouvant par le bonheur et la douceur, que la vie peut vous surprendre et vous enrichir, vous cajoler et vous émerveiller, à la seule condition d'ouvrir grand les écoutilles et de se laisser de temps en temps porter, de, pour employer une expression à la mode, lâcher prise. J'ai eu la chance de pouvoir le faire en regardant ce film. J'espère que beaucoup se laisseront aller comme moi et éprouveront l'immense plaisir de partager ce fort beau moment cinématographique qui nous invite à nous ouvrir aux autres, à la nature, à la bienveillance, à la vie !




4 commentaires:

  1. Ohhhhhh toi aussi tu es emballé!!!! Poétique, drôle, fantaisiste...
    100% bonheur
    (Vais me mettre au kayak moi!)
    Pop corn.

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  2. Bonjour Pierre D., et bien moi, je suis complètement passée à côté du film qui ne m'a pas fait rire, qui fait du sur place comme Michel. C'est nettement mieux qu'Adieu Berthe (ce n'est pas difficile) mais pas un cinéma pour moi. J'y suis allée pour Sandrine Kiberlain, on la voit trop peu, la pauvre. Bonne après-midi.

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    1. Hello,
      Ouî j'ai bien senti que ce film pouvait être reçu différemment. Pour moi j'ai eu la chance que ça passe , peut étre parce qu'après Adieu Berthe, je ne m'attendais à rien. Et puis c'est parfois une question de moment, de disponibilité, d'envie.... C'est fugace le temps d'un film...

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  3. J'ai attendu longtemps pour prendre ce kayak, mais quelle douce évasion... Moustaki résume tout:"le temps de vivre"!

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