lundi 2 novembre 2015

Astérix / Le papyrus de César de Jean-Yves Ferry et Didier Conrad


Je l'avoue, j'avais laissé tomber Astérix depuis des décennies. Le dernier album lu devait être " La grande traversée " qui n'avait pas du m'emballer si j'en juge par le nombre d'années où la série n'a existé pour moi qu'au travers de la sortie de films plus ou moins réussis. Et là, sans doute un effet de l'âge et du vieillissement, comme pour retrouver un goût de ma jeunesse, et sans doute attiré par les sirènes médiatiques, j'ai craqué pour cette nouvelle livraison.
Avec deux excellents auteurs à la barre, le risque était limité quant à la déception. Effectivement, l'album est plaisant mais de là à dire que c'est formidable, je ne franchirai pas le pas. Le dessin de Didier Conrad, très proche de celui d'Uderzo, voire même un peu plus dynamique, ravit l'oeil . Le scénario est bourré à bloc de l'ADN de la série et s'articule avec cette histoire de papyrus volé à César lors de la rédaction de sa "Guerre des gaules", papyrus racontant son impossibilité à mettre au pas ce village d'irréductibles gaulois et qu'un conseiller éditorial lui a conseillé de squeezer.
 Comme au bon vieux temps de Goscinny, la série sert de théâtre pour brocarder un fait sociétal et ici, c'est la communication qui est visée. Jean-Yves Ferry s'en est d'ailleurs donné à coeur joie. Le pigeon remplaçant le smartphone,  les jeux de mots et les allusions parsèment l'histoire et font bien sûr mouche à chaque fois. Il a par ailleurs cru bon de rajouter une histoire d'horoscope qui revient en running gag, mais là, cela fonctionne moins bien. Le récit avance, cahin-caha, alourdit par ses héros dont le caractère assez bon enfant a moins de prise avec notre époque.
C'est sans doute là que le bât blesse. Si aux tournants de la fin des années 60, ce mélange de personnages historiques mettant en exergue quelques faits de société contemporains pouvait surprendre, plaire, qu'en est il à une époque où la bande dessinée a sérieusement défriché la narration et ouvert son monde à des thèmes sortant des sentiers battus ? Astérix est sans doute une manne pour les éditeurs, vivant sur la nostalgie et sur un socle énorme de lecteurs potentiels mais, je l'avoue, pour moi, même avec de bons repreneurs, cela sent le daté, le réchauffé. La nostalgie n'a pas vraiment joué. J'y ai trouvé un récit agréable mais jamais surprenant, assez drôle parfois mais un peu poussif car empêtré par des personnages dont l'important cahier des charges accumulé au fil des décennies empêche une évolution tangible.
A trop respecter cet univers, à ne pas trop dépoussiérer des personnages qui fleurent quand même l'encaustique, ce 36 ème album des aventures d'Astérix, rassurera  sans doute les nostalgiques de la série mais n'offre aucunement la perspective d'une continuité endiablée. A trop respecter certains codes et en restant sur une ligne trop formatée, la série continue de ronronner, assez joliment, mais sans donner de signes de bouleversements qui pourraient la faire vraiment évoluer. 

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