lundi 18 janvier 2016

La renverse d'Olivier Adam


Olivier Adam fait partie de ces écrivains dont on attend toujours la nouvelle livraison. La Bretagne, la fuite d'adolescents, les familles moyennes et leurs problèmes, les amoureux des livres, sont des thèmes récurrents dans ses écrits qu'il insère dans des récits toujours différents et parfois surprenants. Avec "La renverse", nous n'échappons pas à ses thématiques. Le narrateur vit en Bretagne, bosse dans une petite librairie et, nous allons vite l'apprendre lorsque la nouvelle de la mort accidentelle d'un ancien ministre est annoncée, a fui sa famille il y a une bonne dizaine d'années. La personnalité politique, également maire de la ville de région parisienne où il a passé son enfance a été au coeur d'un scandale politico/sexuel dans lequel sa mère a été impliquée. La disparition de ce dénommé Jean-François Laborde va faire remonter tout un passé dans la tête du narrateur, sa honte de n'avoir guère eu d'empathie avec les siens lorsque la tempête et les regards des médias, comme ceux de la population, se sont fixés sur eux. Le roman est le descriptif de cette période adolescente difficile qui sera le ferment de sa vie d'adulte, mais aussi de faire un sort au pouvoir des médias, des politiques, de la justice.
"La renverse" est donc ambitieux, écrit de façon à ce que l'on tourne les pages. Côté lecture, c'est certain, on ne s'ennuie pas, l'écriture est plaisante, aisée, c'est, comme on dit, bien fichu. Mais, oui il y au mais, un gros même, le roman n'a rien de renversant ( je sais le jeu de mot est facile !). Pendant toute la lecture, j'ai eu l'impression d'avaler une collection de clichés, de propos de comptoirs dans le style : "Tous pourris !". Les politiques sont de gros magouilleurs, obsédés par le pouvoir et donc par le sexe, manipulant l'opinion avec les médias qui sont à leurs pieds, la justice suit évidemment. Quand on aperçoit des gentils, la famille du copain du narrateur, joyeuse tribu écolo, ouverte, généreuse, elle cache sous ses tenues ethniques et colorées des secrets pas bien jolis. Et même dans les détails, c'est assez croquignolet. Les libraires restent de braves gens qui ne vendent que les bons livres qu'ils aiment, dédaignant les titres faciles que réclament pourtant leurs clients. La population prête à avaler n'importe quelle info du moment qu'elle est imprimée sur un journal, surtout quand cela arrange l'histoire. Bien qu'enveloppés dans une jolie écriture et un sens évident du récit, cette facilité, ce manque de nuance de l'ensemble m'a gêné durant toute la lecture.
Et pourtant de la nuance, il y en a quand il s'agit de donner du corps au narrateur, dont le peu d'affect pour tous les événements de sa vie, est presque maladif. Il s'interroge, questionne, justifie son apathie avec discernement. Mais là encore, je suis resté sur ma faim. Pourquoi avoir choisi comme personnage principal, cet adolescent taiseux et sans empathie avec son entourage ? Dans sa famille, c'est lui, le membre le moins intéressant car le moins ambiguë. La mère, qualifiée d'artificielle, pimpante et laquée, qui dans son désir de briller coûte que coûte se brûlera les ailes et ne revolera jamais, avait l'étoffe d'une héroïne bien plus originale. Même le père, violent, mal dans sa peau, qui dans l'adversité soutiendra l'indéfendable, possédait l'étoffe d'un narrateur bien plus singulier.
A cause sans doute de cette idée de creuser toujours un peu le même sillon, Olivier Adam, en s'attachant à cet ado solitaire et mal dans sa peau, ne m'a ni surpris, ni franchement captivé. J'ai eu l'impression qu'il capitalisait son fond de commerce, avec brio quant à l'écriture, mais de façon confortable. En voulant donner un ton politico/sociétal à son ouvrage, il est tombé dans une série de lieux communs qui déçoivent face à une histoire intime plus conséquente, plus prenante, car il faut bien le dire, Olivier Adam est quand même LE romancier de la rupture adolescente (ou pas) dans les classes moyennes.



1 commentaire:

  1. Ce roman aurait davantage pu s'appeler:"Ne t'en fais pas pour moi. Prends soin de toi", mais cela rappelait peut-être trop un autre titre...;-)

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