vendredi 1 juillet 2016

La maison de Paco Roca

Paco Roca a souvent porté son regard sur le passé, la mémoire.  De la maladie d'Alzheimer dans "Rides", à l'hommage aux dessinateurs des années 60 ( "L'hiver du dessinateur" ), en passant par " La nueve" durant la dernière guerre mondiale, ses albums sont tous empreints de cette même envie de se retourner vers hier. "La maison" n'échappe pas à cette thématique, mais ici avec une nouvelle dimension qui apparaît comme franchement plus autobiographique. 
Deux frères et une soeur, que la vie a plus ou moins séparé, se retrouvent dans une résidence secondaire construite été après été par leur père aujourd'hui décédé depuis un an.  La vente de cette maison qui a quand même gâché pas mal de leurs vacances est à l'ordre du jour. Les discussions commencent entre nostalgie, joie de vivre et quelques petites rancoeurs. Mais les souvenirs resurgissent à l'évocation des moments passés ou en la redécouverte  d'un objet. Et puis, l'image du père hante les enfants. Même s'il était dur à la tâche, assez intransigeant, son aura traîne encore parmi les murs et dans la tête de sa descendance. La peur de quelque part tourner la page, fait hésiter quant à la cession de cet endroit qui les a toujours réunis. 
Dans un très agréable format à l'italienne, avec une sensibilité extrême, Paco Roca nous invite dans l'intimité de cette famille, nous fait sentir la valse hésitation d'adultes qui retrouvent leurs réflexes d'enfants, voire continuant sans s'apercevoir à perpétuer une tradition familiale. Avec un jeu de couleurs mêlant avec talent couleurs estivales et pastels de la nostalgie, l'album, proche de la ligne claire, est un régal pour les yeux. Il ne se passe pas grand chose au final, on n'y apprend pas non plus grand chose sur la vie de chacun, mais chaque case recèle un parfum de nostalgie qui nous donne un ton très intime à cette production.
Album fragile et tendre" La maison" parlera sans doute à beaucoup de monde. Le deuil et ses suites, ses retrouvailles familiales, ici assez douces, font partie de l'histoire de tout un chacun. Paco Roca saisit avec beaucoup de sensibilité ces instants si fragiles et sait à merveille restituer les valses hésitations d'une mémoire qui s'interfère toujours lorsque les décisions de se séparer des biens d'un défunt se présentent. Sans pathos, ni hystérie, l'album surprend par son habile imbrication de flash backs et par sa capacité à dévoiler les indicibles atermoiements d'êtres désormais face à leur destin. 



1 commentaire:

  1. Ces deux planches m'ont donné envie de visiter et d'acheter "la maison"!

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