dimanche 4 septembre 2016

Divines d'Houda Benyamina


S'il y a une réplique à mentionner pour ce film, c'est bien sûr : "T'as du clito !", phrase prononcée par une chef de gang de dealers à l'héroïne du film d'Houda Benyamina. "Divines" possède-t-il pour autant de cet attribut aussi important que des couilles ? Sur le papier, un premier film français de femme avec un nom à consonance étrangère peut déjà passer pour preuve indubitable. Sur l'écran, au premier abord, devant l'énergie déployée, on ne peut que s'incliner aussi. Mais à trop jouer avec cet organe féminin, on l'excite, on s'excite et vous savez ce que c'est, on ferme un peu les yeux et l'on tombe dans le plaisir un peu facile. 
Comme le clame la pétulante réalisatrice, elle veut faire du "cinéma d'auteur populaire". Vaste ambition sympathique que l'on perçoit dans ce premier long métrage mais qui, pour le moment, n'échappe pas à quelques écueils. Pour le côté auteur, elle déploie un féminisme qui fait du bien, en donnant la part belle aux filles qui prennent sans gêne la place des garçons dans la violence, le deal, la révolte. Sans jamais que cela soit trop appuyé, le récit fonctionne pas trop mal, même avec un personnage masculin un peu féminisé puisqu'il fait de la danse ( oui, dans la tête des machos, danser c'est...). Cette thématique associée à un descriptif de la banlieue sans complaisance ni manichéisme et à une valorisation de la culture comme moyen de se sortir de l'ornière, donne au récit son côté décalé qui a tant plu à Cannes. A cela, elle appose un discours anti libéral de bon ton. Ces filles ne rêvent qu'à faire du fric, s'acheter des fringues de marques et voyager dans des hôtels de luxe, victimes d'un système qui causera leur perte. L'argent est le moteur de l'histoire et l'on sait bien qu'il ne fait pas le bonheur.  Et c'est là que l'on part vers le populaire, avec sa leçon de morale bien définitive associée à une histoire d'amour déclenchant un drame quasi cornélien : le choix entre le fric et une vie alliant amour et culture. Mais pour accentuer son côté grand public, le film essaie de s'accélérer avec des scènes d'actions ou de suspens vraiment peu convaincantes. Et là, niveau cinéma, on repassera. Faussement énergiques, brouillonnes voire improbables, la réalisatrice a oublié son clito et nous livre des scènes lourdes qui tirent le film vers le tout-venant ( même au son de Haendel ou du Mozart ) et contrecarrent son ambition de dépoussiérer le cinéma. A quoi ça sert de se décarcasser à mettre en place un schéma original pour l'anéantir avec autant de moments brouillons et si lourdingues ? 
Du coup revient en mémoire le "Bande de filles" de Céline Sciamma, sur un sujet similaire, dont le propos était tenu par une mise en scène autrement plus juste et brillante.
Cependant, il y a dans "Divines" une chose absolument formidable : les deux actrices principales Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena qui crèvent littéralement l'écran et qui resteront sans doute la seule et vraie bonne raison d'aller voir ce long métrage sympa mais pas du tout maîtrisé. A elles deux, elle forment un duo à la fois comique et dramatique qui donne envie de les revoir encore et encore...mais dans d'autres films. 







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