lundi 26 septembre 2016

Une comédie des erreurs de Nell Zink


Peggy se veut lesbienne mais rencontre Lee, un bellâtre gay. Et ce qui à priori ne devait pas arriver, arriva, ils prirent un plaisir fou à jouer ensemble avec leurs corps. De cette passion soudaine et aveuglante naîtra un enfant. L'amour bien sûr, ne tint pas du tout la durée, même si un peu par hasard un autre enfant sera conçu. Parti sur des bases moyennement saines, le couple finit par exploser. Peggy s'enfuit avec sa fille Mireille, laissant son frère aîné au père. Pour éviter d'être retrouvée par son mari, Peggy arrivera à changer d'identité et même de race, en prenant le patronyme d'une famille noire dont l'enfant est décédé. Oui, c'est visiblement possible en Virginie ( et très crédible dans le roman). Le fait d'avoir eu, même mille ans avant, un ancêtre noir, vous range automatiquement dans cette catégorie aux yeux de la  population blanche locale, même si vous êtes blonde comme les blés.
"Une comédie des erreurs" démarre sur les chapeaux de roue avec son couple improbable et son changement de nom des personnages principaux dès le deuxième chapitre. Ca secoue le lecteur, l'intrigue et le met dans la délicieuse position de celui qui risque d'en voir de toutes les couleurs par la suite. Il sera nullement déçu, car l'auteur s'ingénie à mettre en pièce cette société américaine qui pourtant a bien fait rêver. A l'image de son illustration de couverture toute froissée, Nelle Zink ne se gêne pas pour écorner une population aux idées puritano/racistes, sa justice corrompue, son système éducatif totalement inégalitaire. Le jeu de massacre est pourtant légèrement adouci par une toile de fonds plus banale où l'on retrouve deux thèmes récurrents qui, à force, tournent au cliché. Comme bon nombres de ses prédécesseurs, le roman se déroule en partie  dans un campus universitaire et s'intéresse encore une fois à un professeur de poésie, comme si ces deux  points contenaient toute l'essence de la vie intellectuelle étatsunienne. Cependant le roman avance bien et passionne jusqu'aux deux tiers. Hélas, et malgré des tentatives de rendre le final moins boulevardier vers lequel ils'achemine irrémédiablement, des rebondissements cousus de fils blancs emportent le livre dans des sphères nettement plus convenues voire bien-pensantes et se termine nettement moins vachard que pouvait le laisser supposer le départ.
"Une comédie des erreurs" reste toutefois un roman ambitieux et frondeur, ce qui, venant d'une Amérique s'apprêtant à voter pour un guignol  inquiétant et populiste, est plutôt une bonne nouvelle. Le livre mérite donc que l'on s'y plonge dedans. Pas sûr par contre que vous ayez des envies de passer vos prochaines vacances en Virginie !

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